Atelier de mémoire collective

 

 

Le patrimoine des isards

 

Origine du patro (intervention de Monsieur Jacques Lassalle, ancien responsable des Isards de Sainte-Croix)

 

Le fondateur du patro fut Monsieur LOUIS avocat qui fut longtemps maire d'Oloron et ami d'OZANAN avec qui il s'occupait des œuvres à l'origine de l'action catholique en France.

Au retour d'un voyage à Paris, il créa en 1842 la Conférence Saint Vincent de Paul et en annexe le patronage des garçons. Il fit paraître une brochure dans laquelle il expliquait le fonctionnement de l'œuvre.

Le patronage réunissait des jeunes gens de plus de 13 ans, surtout de Sainte-Croix, mais était ouvert à toute la jeunesse de la ville. La vie chrétienne occupait la première place avec des obligations de suivre des exercices religieux, mais il avait aussi le souci d'une formation intellectuelle, morale et physique dont le sport était une des composantes ("Mens sana in corpore sano").

C'était le patronage complet avec cette particularité que la direction "laïque" avait une influence prépondérante. Le clergé n'était pas mis  à l'écart, il avait le rôle de formation religieuse.

                                         

Centenaire des Isards de Sainte-Croix

Une question se posait alors, mais où installer le patronage ? Il y avait à la place des Cordeliers un couvent bâti par les Franciscain au XVIe siècle, le couvent des Cordeliers, ancien petit séminaire. Les Franciscains l'habitèrent depuis sa construction jusqu'à la révolution et possédaient aussi la fameuse prairie de Bitète.

A la révolution, cette maison et toutes ses dépendances devinrent bien national et furent vendues. La famille LABORDE-AURAS, des paysans aisés de Matachot les acheta.

En 1823, l'évêque de Bayonne racheta le couvent et y rétablit un petit séminaire qui fut transféré plus tard (dans les années 1830) par l'abbé Adoue dans la rue qui porte toujours son nom. Le petit séminaire de la place des Cordeliers demeura vide jusqu'en 1841 où l'abbé Menjoulet créa, avec l'approbation de son évêque, la SOCIETE DES HAUTES ETUDES ECCLESIASTIQUES.

                                                                               

C'est dans cette maison que Monsieur LOUIS installa le patronage des garçons lors de sa création en 1842, incontestablement le premier en date du diocèse et sans doute de la région. L'abbé LACAZE s'en occupa activement nous dit la chronique. L'abbé LAHERRERE, son successeur qui fut aussi l'un des premiers pionniers du patro et avait lancé le cercle catholique ouvrier, fut remarqué pour ses activités. Il fut nommé à Pau pour y être l'aumônier d'un cercle avec les mêmes caractéristiques qu'à Sainte-Croix. Le cercle pour créer une école primaire avec...un patronage !!!

En 1888 (46 ans après Sainte-Croix), un abbé LAFOURCADE créa à son tour le patro des "Kroumirs" embryon du futur BOURBAKI que nous avons connu. Voyez...le patro de Sainte-Croix faisait des émules.

Revenons à Sainte-Croix avec une petite anecdote amusante qui prouve la vitalité du patro. En 1875, c'est Monsieur LARRIU qui présidait aux destinées du patro avec l'abbé CAMY...et la contestation était déjà dans les mœurs. Le patronage eu un accès de fièvre (ce fut souvent le cas tout au long de sa vie). Douze patronnés (environs 15 ans !!!) écrivirent à monsieur LARRIU un lettre un peu trop vive dans laquelle ils se plaignaient de certaines mesures prises par l'abbé. On retrouve dans les signataires les noms de Bernard MARQUE, Pierre FLORENCE, Simon BONNEU, Prosper et Etienne GINIES, Pierre et François TAUZY, Jean CHARTIER, Thomas NAPAL, Jean LASCABE, Germain LAGRANGE et Santos LAUDA. Les contestataires furent plus tard, dit le chroniqueur, les premiers à rire de cette aventure. Ils revinrent du reste au patronage malgré une lettre fort tranchante de M. LARRIU qui leur disait péremptoirement qu'il entendait diriger et non pas être dirigé.

C'est à cette époque que M. LARRIU annonce la création de ce qu'il appelle "un cercle de jeunesse" avec ses accessoires (terrain de jeu, agrès...sans oublier la chapelle). On fit même les plans d'une magnifique construction qui devait abriter le tout, mais qui ne fut jamais réalisée.

Le cercle fonctionnait avec trois ou quatre réunions par semaine : distractions variées, formation intellectuelle, humaines et religieuse.

La loi de la séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1905 remit tout en cause. Il fallait quitter les lieux. L'abbé MONSARRAT, curé de l'époque, était très malade et on toléra qu'il meure là, mais 8 jours après ses obsèques, il fallut déménager.

Les vicaires durent s'en aller dans un logement de fortune et lorsque le curé ESTREM arriva en Novembre 1909, son premier souci fut de se loger lui et ses vicaires. En attendant une décision, il fut hébergé dans une famille du quartier, d'où il put négocier l'achat du presbytère actuel. Les vicaires et le patronage n'avaient plus de local, il fallait y pourvoir.

Sur la place Saint-Pierre se trouvait l'ancienne école des frères. Ceux-ci ne recrutant pas beaucoup plus, avaient transporté leur école à Saint Joseph puis ensuite à l'école Saint-Pierre., rue Labarraque, en attendant leur départ définitif. La maison d'école (celle où se trouve actuellement le Centre Social La Haut) restait vide. L'autre aide de la maison avait été jadis le presbytère de Saint-Pierre, puis de Sainte-Croix, après la révolution. Petite parenthèse pour signaler que toute cette maison était à l'origine, avant l'école, une fabrique de peignes et autres objets en buis, avec de l'autre côté de la place une fabrique de Clabétous (petits clous).

Toute les maison était donc, en 1911, la propriété de la famille SOUVIRON qui l'avait héritée de Monsieur Menjoulet. Avec toutes les autorisations nécessaires, nous dit la chronique, le patronage fut installé dans cette aile-ci et les vicaires dans l'autre. La maison était très vieille et il fallut entreprendre des réparations fort onéreuses pour accueillir tout ce petit monde.

 

                                                                                                        Page suivante >

Comité des fêtes de Sainte-Croix